mardi 31 mai 2022

Time


 On les a beaucoup écoutés à une époque, les Black Crowes. Ils n'inventaient rien de nouveau mais proposaient une agréable synthèse de rock seventies (Faces+Stones+Led Zeppelin). Ils jouaient dans l'esprit et le faisaient avec beaucoup de conviction, comme si en y croyant très fort il était possible de faire tourner les aiguilles de l'horloge à l'envers. 

Ils ont ensuite plus ou moins disparu des radars. Cela ne nous empêchait pas d'écouter The Southern Harmony and Musical Companion de temps en temps. Pourquoi je parle de ça ? Le groupe est réapparu dernièrement avec un concept douteux intitulé 1972. Dans leur nouvel album (apparemment un EP), ils jouent des titres sortis cette année-là. Quelle tristesse ! Ils ont l'air aussi usés que leurs modèles et là où on appréciait l'effort pour actualiser un style ancré dans une époque, on ne voit pas du tout l'intérêt de refaire en moins bien des titres comme Rip This Joint ou You Wear It Well qui n'en avaient pas du tout besoin.

lundi 30 mai 2022

Lecture

 

Illustration : Victor-Armand Poirson

Flaubert soigne les détails lors des apparitions de sa flamboyante héroïne :

Il faut dire que l'avalanche de détails, fruit d'une recherche documentaire historique et de repérages sur les lieux de l'action, peut parfois paraitre excessive. Il ne faudrait pas cependant que ces énumérations dissimulent au lecteur les paragraphes qui s'apparentent à de véritables poèmes en prose.

 

samedi 28 mai 2022

Dans la galerie virtuelle du GFIV

 

Gustav Klimt, Portrait of Ria Munch III, 1917 


Kurt Schwitters, Merzbau Photo: Wilhelm Redemann, 1933 


Robert Mapplethorpe, Candy Darling, 1972

 

vendredi 27 mai 2022

Ecrire mal, c'est bien écrire

 

Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Maurice Blanchot dans Qui vive ?, un ouvrage collectif publié chez Corti en 1989 à l'occasion de la parution du premier volume des œuvres de Julien Gracq dans la Pléiade. J'ai trouvé ce texte reproduit intégralement un vieux numéro du Magazine littéraire. J'aime bien parcourir de temps en temps un ancien exemplaire de cette revue. Rien que la liste impressionnante des romans et des auteurs ayant totalement sombré dans l'oubli, cela donne un recul salutaire par rapport aux abondantes parutions contemporaines. Et puis il y a les écrivains qu'on lit et qu'on relira toujours.  Julien Gracq figure bien sûr parmi eux. Dans "Grève désolée, obscur malaise", Blanchot développe une analyse du style de Gracq qui va à l'encontre d'une idées reçue bien établie concernant l'usage des adjectifs. Blanchot cite d'abord un passage d'Un beau ténébreux où ceux-ci se bousculent.

 

Puis il rappelle le principe de base de la rhétorique selon lequel le mot "court à sa perte quand les adjectifs en sortent à la queue leu leu". Leur accumulation entraine en effet lenteur et lourdeur. Mais, objecte Blanchot, "il reste qu'un écrivain peut avoir envie d'être pesant. Il lui est peut-être nécessaire d'avancer sur un chemin qu'il encombre à mesure qu'il le dégage." 

L'accumulation des adjectif a sur l'imagination du lecteur qui ne distingue pas clairement ce qui lui est proposé, devant un amas de choses inorganisées "où il n'y a plus de classement à faire ni de perspective à tracer."

Pour Blanchot, "le monde de Gracq est un monde de qualités, c'est-à-dire magique" et dans ce monde, il ne peut rien se passer. D'où les descriptions qui s'étendent indéfiniment en un long prélude, dans l'attente d'un évènement sans cesse reporté. 

jeudi 26 mai 2022

Citation

 

Richard Diebenkorn, Girl with Flowered Background, 1962

"I always forget how important the empty days are, how important it may be sometimes not to expect to produce anything, even a few lines in a journal. A day when one has not pushed oneself to the limit seems a damaged, damaging day, a sinful day. Not so! The most valuable thing one can do for the psyche, occasionally, is to let it rest, wander, live in the changing light of a room." May Sarton, Journal of a Solitude

Trouvé sur le compte Instagram  de la Richard Diebenkorn Foundation.

mercredi 25 mai 2022

Vu

 



Furia à Bahia pour OSS 117, André Hunebelle (1965)

Même année que Paris vu par... C'est un bon cru pour les décors. J'aime les voitures, les vêtements, l'architecture, l'ameublement. Ainsi, même si le scénario et la réalisation sont proches de l'indigence, il y a toujours des choses agréables à regarder dans le cadre. Ceci dit, le OSS 117 de Hunebelle ne manque pas d'atouts. Mylène Demongeot est assez craquante en blonde piquante avec juste ce qu'il faut de vulgarité. Le nommé Frederick Stafford incarne un Hubert Bonisseur de La Bath fadasse et maladroit (ce n'était pas un acteur professionnel). En revanche, il est très convainquant dans les scène de drague à la française. Les scènes de bagarre chorégraphiées au ralenti ressemblent un peu à celles d'Alphaville. Bref, un film bien raté, certes, mais qui dégage une certaine fraicheur. Le climat désuet de l'ensemble est finalement assez éloigné de la célèbre version parodique (que j'apprécie par ailleurs).