jeudi 14 avril 2022

Vu




 The Beta Test, Jim Cummings, PJ McCabe (2021)

Après avoir été flic et shériff, Jim Cummings réapparait en costume de directeur chez McKinsey. En fait, au lieu d'opérer en macronie, il dirige une agence à Hollywood dont mes missions sont assez floues. C'est surtout l'occasion pour les deux scénaristes de se lancer dans un jeu de massacre dans le temple du spectacle, de l'argent et de l'hypocrisie bien pensante. Sourires crispés, veulerie avec les gros clients, sadisme avec le personnel. L'ordinaire du corporate dans toute son horreur et filmée comme tel, c'est-à-dire comme un film d'épouvante psychologique. Ce qui est particulièrement visé, c'est le mythe de la réussite et les clichés bidons qui y sont associés. "Le costume slim fait la promesse d'une allure moderne et dynamique" peut-on lire dans une publicité. Chez Cummings, c'est la certitude d'un pétage de plomb au format géant. Le scénario s'emmêle un peu les pinceaux entre thriller, comédie grinçante et critique sociale mais ce n'est pas important. On assiste plutôt, comme dans ses films précédents,t à une suite de sketchs avec un Cummings en pleine forme dans le style grimaçant à la Jerry Lewis. J'aime cet humour typiquement américain (on pense inévitablement à Jim Carrey) reposant sur le malaise du corps et où le personnage principal voit s'abattre sur lui des catastrophes en série. La fin, que nous ne dévoileront pas, sonne comme un appel à la résistance : nous pouvons sauver ce qui nous est le plus cher, mais ce ne sera pas facile et il faudra se battre.

mercredi 13 avril 2022

Lu

 

J'avais rencontré lors d'un rendez-vous dans un café devant la Sorbonne une prof de fac du genre excentrique qui devait diriger ma thèse de doctorat. Je lui avais demandé quels étaient ses auteurs de référence et elle avait cité Valéry. La thèse ne s'est pas faite et le livre est longtemps resté abandonné sur une étagère. Mais comme je passe systématiquement en revue les "non lus" en stock dans la bibliothèque, son tour est venu.

Mon impression générale est mitigée. De nombreuses réflexions me sont passées au-dessus de la tête. Il m'arrivait souvent de ne pas comprends l'objet et l'intérêt de ce que je lisais. J'appréciais le style.

Au milieu de ces pages légèrement soporifiques éclatait de temps à autre une pensée qui frappait juste.

 Petite sélection :

"Une chose réussie est une transformation d'une chose manquée. Donc une chose manquée n'est manquée que par abandon."

De temps en temps, une phrase comme échappée d'un poème en prose, comme celle-ci : "Un homme n'est qu'un poste d'observation perdu dans l'étrangeté."

Pour finir, une réflexion sur le souvenir des "évènements de la sensibilité".

"Nous retrouverons, peut-être, par accident, le souvenir de la figure de ces état critiques ; mais non la morsure, la chaleur, l'espèce particulière de douceur ou de vigueur infinie qui leur donnèrent en leur temps une importance incomparable. Notre passé se représente, mais il a perdu son énergie." 

Parfois, un souvenir peut être "d'une présence insupportable". "Rien n'explique l'inégalité de destin de nos impressions".



mardi 12 avril 2022

Vu

 



1974, une partie de campagne, Raymond Depardon (1974)

Les temps changent, les partis politiques vivent et meurent, mais les campagnes électorales se ressemblent plus ou moins. Ce documentaire commandé par le candidat Giscard est restée coincée par la censure jusqu'en 2002. On se pose la question du mobile. Ici, pas de seringue en gros plan ni d'exhibitions sexuelles à l'horizon. Un problème d'image, certes, mais pas au point de refuser la diffusion si longtemps après avoir quitté la vie politique. Les aspects du personnages qui pouvaient lui nuire à l'époque, la décontraction hors scène, une aisance aristocratique pouvant friser l'arrogance et quelques éclairs de colère froide, passent plutôt mieux maintenant (on en a vu d'autres). Giscard a le mérite d'une certaine franchise ; il cache à peine le peu d'estime qu'il a pour les barons du gaullisme et malmène son entourage de suiveurs obséquieux. Le seul qu'il respecte, c'est l'indispensable Poniatowski, à la fois éminence grise et homme des basses œuvres (comme le recrutement de Mireille Mathieu pour chanter à la fin d'un meeting). Giscard n'oublie jamais la caméra qui le suit partout, il lui balance de temps en temps un regard inquiet. Depardon parvient à s'infiltrer partout et à saisir des moments révélateurs (comme lorsque le candidat installe soigneusement ses notes et son stylo sur la table avant le débat télévisé du second tout). Évidemment, le principal intérêt du film est de l'ordre de la réactivation nostalgique d'une époque lointaine où les politiciens roulaient en DS noire et où les journalistes prenaient des notes dans des calepins.

lundi 11 avril 2022

Encore un peu d'urbanisme


 

Yffiniac (Côtes d'Armor). En arrivant en Bretagne, nous avions choisi une location dont les fenêtres donnaient sur un petit square fleuri. Idéal pour fumer une cigarette (c'était avant l'arrêt) et sortir le chien, pensions-nous. Las ! Un jour, nous avons été réveillés par des bulldozers qui ont commencé à dégager cet espace inutilement encombré de trucs qui ne servent à rien (comme des arbres). Un parking, ça au moins c'est utile...

 



samedi 9 avril 2022

Dans la galerie virtuelle du GFIV

 

Pablo Picasso, Portrait de Guillaume Apollinaire blessé, 1916


Man Ray, Portrait de Lee Miller, 1930 

Balthus, Portrait de Jacqueline, 1967
 

vendredi 8 avril 2022

Vu

In the Mood for Love, Wong Kar-wai (2000)
 
Le film unanimement considéré comme un des meilleurs de l'année 2000 voire de la décennie m'a, hélas, paru ennuyeux. Cet ennui et cette indifférence sont d'autant plus frustrants que tout est fait pour envouter le spectateur, depuis les images au ralenti mettant en valeur la démarche de l'actrice principale jusqu'à la musique obsédante en passant par les cadrages en gros plan sur des visages plongés dans les tourments d'un amour impossible. Dans le genre romantisme froid, désenchanté et légèrement soporifique, je préfère largement Antonioni. Ceci dit, j'arrive avec beaucoup de retard et je comprends que, pris par l'enthousiasme collectif attisé par la critique, on ait pu se laisser prendre par l'univers de Wong Kar-wai. J'avais essayé de regarder un autre film de ce réalisateur, 2046, et ce fut encore pire.