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mercredi 6 juillet 2022

Revu




 Ludwig : Le Crépuscule des dieux, Luchino Visconti (1973)

Je l'avais déjà vu, il y a fort longtemps un soir à la télé. Là, je viens de visionner la version longue, près de trois heures qui mériteraient peut-être un élagage mais que j'ai aimée ainsi, avec ses longueurs, sa lenteur, ses passages anecdotiques en comparaison avec les scènes à haute tension où s'exprime la folie et la démesure du personnage. Comment Visconti est-il parvenu à obtenir une telle qualité de jeu chez Helmut Berger, aussi convainquant en alcoolique bouffi exhibant des dents pourries qu'en jeune homme romantique et flamboyant ? C'est un mystère de plus dans cette réinterprétation visionnaire d'une figure historique particulièrement deranged. Visconti s'est entièrement investi dans le récit de ce destin tragique qui voit un esthétisme aristocratique exacerbé se heurter aux pesanteurs du pouvoir. Romy Schneider réapparait dans le rôle de l'impératrice d'Autriche mais cette fois avec l'insolence et l'arrogance qui convient au personnage. On comprend que le roi wagnérien soit tombé sous le charme irrésistible de sa cousine. Ludwig est aussi un film sur la déchéance physique et mentale d'un homme trop sensible pour pouvoir supporter le décalage avec la société de son temps.

lundi 4 juillet 2022

Vu

 



Gun Crazy, Joseph H. Lewis (1950)

Le film suit une trame qui nous paraît familière parce qu'elle est réapparue vingt ans plus tard dans des films emblématiques d'une certaine idéalisation des hors-la-loi : un couple, des armes, le refus d'une vie normée, un court moment de grâce et de liberté puis la chasse à l'homme et la fin inéluctable. On sait dès le premier regard entre elle et lui que cela se finira par la mort des protagonistes ; c'est ce qui en fait un film noir, c'est-à-dire une tragédie hantée par la fatalité. J'ai perdu le fil de ce qui me parait le plus important. Il y a des braquages, des coups de feu et des sirènes de voitures de police, oui mais ce n'est pas pour autant un simple polar. C'est aussi et surtout un film sur l'amour fou, explosif, déraisonnable et asocial ; l'amour envisagé, selon l'expression d'Annie Le Brun,  comme "une association de malfaiteurs".

vendredi 3 juin 2022

Vu

 



Les adolescentes, Alberto Lattuada (1960)

Bien filmé dans un beau noir et blanc, bien joué par Catherine Spaak (qui vient de nous quitter). Le film suit une journée dans la vie d'une lycéenne qui sèche les cours. Les tourments et les désirs propres à cet age sont rendus avec une grande justesse. Catherine Spaak s'avère une actrice capable d'exprimer les émotions complexe qui se bousculent chez son personnage. Elle décrit par ailleurs très bien le film lorsqu'elle dit : "C'est une histoire vraie, grave, sensible et non un divertissement pour vieux messieurs !"

mercredi 25 mai 2022

Vu

 



Furia à Bahia pour OSS 117, André Hunebelle (1965)

Même année que Paris vu par... C'est un bon cru pour les décors. J'aime les voitures, les vêtements, l'architecture, l'ameublement. Ainsi, même si le scénario et la réalisation sont proches de l'indigence, il y a toujours des choses agréables à regarder dans le cadre. Ceci dit, le OSS 117 de Hunebelle ne manque pas d'atouts. Mylène Demongeot est assez craquante en blonde piquante avec juste ce qu'il faut de vulgarité. Le nommé Frederick Stafford incarne un Hubert Bonisseur de La Bath fadasse et maladroit (ce n'était pas un acteur professionnel). En revanche, il est très convainquant dans les scène de drague à la française. Les scènes de bagarre chorégraphiées au ralenti ressemblent un peu à celles d'Alphaville. Bref, un film bien raté, certes, mais qui dégage une certaine fraicheur. Le climat désuet de l'ensemble est finalement assez éloigné de la célèbre version parodique (que j'apprécie par ailleurs).

lundi 16 mai 2022

Vu

 





Paris vu par…Jean Douchet, Jean Rouch, Jean-Daniel Pollet, Éric Rohmer, Jean-Luc Godard et Claude Chabrol (1965)

Très décevant. On a l'impression que les réalisateurs ont rivalisé de nullité dans l'écriture des sketchs. Heureusement, il y a quelques (trop rares) plans de rue dans lesquels nous découvrons à quel point l'année 1965 nous semble lointaine et exotique. On pourrait facilement situer ces images dans les années 50. A noter : la deuxième image, extrait du court métrage signé par Chabrol qui s'occupait du quartier de La Muette, semble prise devant le lycée Janson-de-Sailly dans lequel je fus élèves une dizaine d'année plus tard.

mardi 10 mai 2022

Revu



 

Pas de printemps pour Marnie, Alfred Hitchcock (1964) 

Truffaut avait créé la notion de "grand film malade" spécialement en pensant à Marnie. Il en donna sa définition, un peu vague, dans un texte à la fin des entretiens avec Hitchcock. Si Marnie est très probablement un film malade, c'est surtout son réalisateur qui était profondément perturbé au moment du tournage, raide dingue de son actrice au point de faire dérailler le film en laissant les pulsions prendre le dessus. Hitchcock, dont les tentatives de passage à l'acte était repoussées par son actrice, a génialement sublimé la violence de ses désirs en se focalisant sur le chignon de Tippi Hedren. Une telle fixation fétichiste relève de la psychopathologie mais aucun psychiatre ne pourra nous expliquer la beauté étrange et sulfureuse de l'univers onirique où évoluent la blonde cleptomane et frigide et son mari joué par Sean Connery qui venait de tourner dans son premier Bond. Tout ici est artificiel, à la fois idéalisé et érotisé. Les scènes où l'inconscient déborde de manière explosive sont magnifiques. Ce sont de grands moments de cinéma qu'on aimerait se repasser en boucle. Tout est parfait, même la musique ; tout est réussi à l'exception notable de la ridicule scène d'explication finale. C'est là, dans cette déception, que le génie hitchcockien rejoint celui d'Hergé et, dans une moindre mesure, d'Enid Blyton : les explications ne sont pas à la hauteur des mystères et les secrets que la narration a laissés dans l'ombre.
 

jeudi 28 avril 2022

Vu




 Memoria, Apichatpong Weerasethakul (2021)

En revoyant les captures d'écran, je peux vaguement appréhender en quoi regarder ce film constitue une expérience très particulière mais je ne vais pas pouvoir en dire plus. Rassurez-vous, il existe quantité de glose sur les dimensions esthétiques et métaphysiques du cinéma de ce réalisateur et sur le sens de ce film en particulier. Tout ce que je peux dire, c'est que j'ai bien aimé regarder et écouter le peu qui se passait dans les plans fixes. A éviter si vous n'aimez pas rester immobile dans un endroit où il ne se passe pas grand-chose. Moi, j'adore ça, dans la vie (où cela m'arrive assez souvent) comme au cinéma (où c'est beaucoup plus rare, spectacle oblige). En revanche, il semblerait que des indices disséminés ici et là permettent de reconstituer une sorte d'enquête sur l'origine (apparemment extra-terrestre) des bruits qui perturbent le personnage principal. J'avoue que cela m'indiffère complètement. La pure contemplation du vide me comble amplement.

vendredi 22 avril 2022

Vu

 



La bande du drugstore, François Armanet (2002)

L'obsession du détail vestimentaire est bien là, la musique (excellente) également. Pourtant, il est finalement assez peu question de la bande de minets qui donne son titre au film et qui a réellement existé autour de 66-67. La reconstitution historique en partie ratée permet au film d'atteindre quelque chose de plus universel en traitant un autre sujet : la période initiatique de la fin de l'adolescence, marquée par une curiosité poussée pour les mystères du sexe, et qui se traduit par le passage de la bande de potes au couple. Je soupçonne le réalisateur d'avoir puisé dans ses souvenirs et c'est la meilleure manière de faire revivre de l'intérieur ces années-là, avec leur violence et leur ridicule, leur charme fugitif aussi.

vendredi 8 avril 2022

Vu

In the Mood for Love, Wong Kar-wai (2000)
 
Le film unanimement considéré comme un des meilleurs de l'année 2000 voire de la décennie m'a, hélas, paru ennuyeux. Cet ennui et cette indifférence sont d'autant plus frustrants que tout est fait pour envouter le spectateur, depuis les images au ralenti mettant en valeur la démarche de l'actrice principale jusqu'à la musique obsédante en passant par les cadrages en gros plan sur des visages plongés dans les tourments d'un amour impossible. Dans le genre romantisme froid, désenchanté et légèrement soporifique, je préfère largement Antonioni. Ceci dit, j'arrive avec beaucoup de retard et je comprends que, pris par l'enthousiasme collectif attisé par la critique, on ait pu se laisser prendre par l'univers de Wong Kar-wai. J'avais essayé de regarder un autre film de ce réalisateur, 2046, et ce fut encore pire.

mardi 5 avril 2022

En cours

 

Regardé le début d'Un étrange voyage de Cavalier. Longue scène de boulimie avec la fille du personnage joué par Rochefort qui vide le frigo. C'est, parait-il, la manière dont se déroule ce genre de crise, selon le témoignage d'une personne qui est passée par là. Assez pénible quand même à regarder (j'ai consulté mes notifications sur mon téléphone). Je vais quand même regarder la suite pour Rochefort, excellent, et aussi parce que j'aime bien la manière dont la caméra capte l'ambiance de cette époque  lointaine : le film date de 1981.

Françoise qui s'engage contre Mélanche ? La grande, on l'aime pour sa mélancolie, pas pour ses prises de position réacs.


lundi 4 avril 2022

Vu

Solaris, Andreï Tarkovski (1972)

J'ai commencé par la version de Steven Soderbergh. Celle de Tarovski est différente mais comme l'histoire est exactement la même, il est relativement difficile de cerner avec précision ce qui diffère. La version de 2002 tire du côté du glamour hollywoodien en creusant la relation du couple à coups de flashbacks sur leur vie passée. Tarkowski semble se concentrer essentiellement sur les enjeux métaphysiques de ce récit de SF. Aux alentours d'une planète dont l'océan est un vaste cerveau, les images venues du passé prennent une troublante apparence de réalité. La question qui se pose est celle du statut ontologique des personnes qui n'existent plus ailleurs que dans nos souvenirs. Quelle est la nature de la relation que nous entretenons avec ces constructions mentales ? Ce film étrange peut agir insidieusement sur le spectateur en l'amenant à douter de ses repères.