Tout a une fin.
Les cinq volumes du Journal sont téléchargeables sur le site des éditions du GFIV.
En ligne :
https://journaldejane.wordpress.com/
http://bill.terebenthine.free.fr/janediary.html
Enjoy !
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Bonnes vacances à tous (je n'écris pas "toustoutes" parce que je ne pratique pas l'écriture inclusive mais cela va de soi). Cet été, si vous étiez coincés à l'intérieur par de violents orages ou par une canicule "battant tous les records", je vous rappelle que vous pouvez trouver de la lecture sur le site des éditions du GFIV, que le dernier numéro de la revue littéraire et artistique GFIV Magazine vient de paraitre et que l'ensemble de la collection est disponible ici. Bonne lecture et à bientôt !
Sebastian Black, Edible Manhattan, 2013Ernst Ludwig Kirchner, Self-Portrait with a Pipe, 1907
C'est très beau. D'une richesse rare. Le seul reproche qu'on pourrait faire à Madame Yourcenar serait peut-être d’avoir des dialogues trop bien écrits. Quelle que soit la situation, les protagonistes du roman s’expriment immanquablement dans une prose impeccable avec un phrasé parfaitement rythmé. C’est un grand plaisir de lecture mais c'est difficilement crédible en tant que propos énoncés par des personnages. Exemple :
Je l'avais déjà vu, il y a fort longtemps un soir à la télé. Là, je viens de visionner la version longue, près de trois heures qui mériteraient peut-être un élagage mais que j'ai aimée ainsi, avec ses longueurs, sa lenteur, ses passages anecdotiques en comparaison avec les scènes à haute tension où s'exprime la folie et la démesure du personnage. Comment Visconti est-il parvenu à obtenir une telle qualité de jeu chez Helmut Berger, aussi convainquant en alcoolique bouffi exhibant des dents pourries qu'en jeune homme romantique et flamboyant ? C'est un mystère de plus dans cette réinterprétation visionnaire d'une figure historique particulièrement deranged. Visconti s'est entièrement investi dans le récit de ce destin tragique qui voit un esthétisme aristocratique exacerbé se heurter aux pesanteurs du pouvoir. Romy Schneider réapparait dans le rôle de l'impératrice d'Autriche mais cette fois avec l'insolence et l'arrogance qui convient au personnage. On comprend que le roi wagnérien soit tombé sous le charme irrésistible de sa cousine. Ludwig est aussi un film sur la déchéance physique et mentale d'un homme trop sensible pour pouvoir supporter le décalage avec la société de son temps.
Gun Crazy, Joseph H. Lewis (1950)
Le film suit une trame qui nous paraît familière parce qu'elle est réapparue vingt ans plus tard dans des films emblématiques d'une certaine idéalisation des hors-la-loi : un couple, des armes, le refus d'une vie normée, un court moment de grâce et de liberté puis la chasse à l'homme et la fin inéluctable. On sait dès le premier regard entre elle et lui que cela se finira par la mort des protagonistes ; c'est ce qui en fait un film noir, c'est-à-dire une tragédie hantée par la fatalité. J'ai perdu le fil de ce qui me parait le plus important. Il y a des braquages, des coups de feu et des sirènes de voitures de police, oui mais ce n'est pas pour autant un simple polar. C'est aussi et surtout un film sur l'amour fou, explosif, déraisonnable et asocial ; l'amour envisagé, selon l'expression d'Annie Le Brun, comme "une association de malfaiteurs".
Victor Brauner, La leçon de Twist, 1962
Albrecht Dürer, Stag Beetle, 1505
"L'été, la mode, ou le soin de sa santé, qui est aussi une mode, veut que l'on voyage." Le ton est donné dès l'incipit : il est à la lucidité désabusée parfois proche du dégoût. Le narrateur du roman cède à cette obligation sociale du déplacement, ce qui l'ennuie prodigieusement comme il ne cesse de le répéter. Le lecteur, lui, se régale de cette écriture incisive, étonnement moderne. On apprécie également la sensibilité anarchiste (assez proche d'un Georges Darien) qui nomme et identifie sans complaisance ceux qui s'enrichissent et profitent de leur position sociale sans épargner les membres bas peuple dont le principal regret est de ne pas se trouver à la place d'un dominant. Pour tenter de se distraire de son ennui, le narrateur rencontre d'autres vacanciers dans son lieu de villégiature. Le roman est une sorte de collage des différents récits collectés pendant ce séjour dans les Pyrénées. Presque tous dévoilent des aspects peu reluisants voire franchement glauques de l'humanité. Le roman se termine par une visite à une ancienne relation du narrateur, un écrivain prometteur précocement retiré dans un endroit perdu dans la montagne. C'est glaçant, comme si le narrateur avait rencontré la mort elle-même.
Sa réaction, dans les dernières lignes : "J'ai commandé le guide qui doit me ramener vers les hommes, la vie, la lumière... Dès l'aube, demain, je partirai..."
Lecture recommandée (sauf peut-être si vous cherchez un livre feel-good pour la plage).
Le moment où, venant de terminer la lecture d'un roman, je me prépare à en commencer un nouveau en tournant autour.
Un Blow Up complet et instructif, comme d'habitide.
L'interview pour Cinéma Cinémas, je m'en souviens très bien. Surtout le passage où Jean Yanne répond à une question au sujet des Cahiers du cinéma : "Jamais lu !" puis, dans un effort de bonne volonté, il ajoute avec l’œil goguenard : "Je sais que ça existe" (sous-entendu : "Je ne pourrai pas vous en dire plus"). J'avais retenu la formule et je l'ai ressortie à plusieurs reprises dans le cadre professionnel lorsqu'on me demandait mon avis sur des sujets sans intérêt.
Ce post, outre l'occasion de rendre hommage à un personnage qui le mérite, a pour fonction de répercuter la bonne nouvelle transmise par le blog Lexomaniaque : le fils de Michel Boujut a gracieusement mis en ligne 125 épisodes de Cinéma, cinémas. Ils vous attendent ici.
Shara Hughes, Comment dormez-vous la nuit ?, 2017Tamara de Lempicka, Femme aux bras croisés, 1939
Francis Picabia, Star Dancer et son école de danse, 1913
Enjoy
A l'occasion des 80 ans de Paul, on a vu passer sur Twitter des listes de ses chansons préférées. J'y ai glissé When I'm Sixty Four parce que je venais juste de l'écouter (et de les avoir). Mais, à la réflexion, la chanson qui a eu le plus gros impact pour moi, c'est Another Day. Il s'agit de l'un de mes premiers 45 tours. Difficile d'évaluer, dans le contexte de pénurie musicale de l'époque, le nombre d'écoutes attentionnées dans la chambre - suffisamment, c'est sûr, pour conditionner à jamais le système nerveux. La chanson paraissait complexe ; j'en connaissais les arrangements par cœur et j'adorais la mélodie un peu triste. Je ressens toujours un choc quand je l'entends démarrer, je l'ai réalisé un jour en l'entendant par surprise au début d'un épisode des Simpsons.
Illustration : Druillet (détail)
Terminé la lecture de Salammbô. Quel carnage ! Je n'ai pas compté mais on passe beaucoup plus de temps sur les champs de bataille, au cœur de la mêlée sanglante, que dans la compagnie parfumés de la belle déesse qui donne son nom au roman. Flaubert décrit avec une certaine complaisance les atrocités commises lors de cette guerre restée dans l'histoire comme battant tous les records de cruauté. Repensant à l'adaptation de Druillet, j'ai fouillé dans le grenier à la recherche des vieux numéros de Métal Hurlant. Je croyais à l'époque que le dessinateur de Lone Sloane en rajoutait dans la démesure et dans la violence. Il n'en était rien.
Je reprends la présentation qui se trouve sur le site "Film documentaire".
Johnny en tournée européenne dans des petits clubs, plus près du blues, plus près du rock, plus près du public. La plus grande star française au quotidien, à un moment clé de sa carrière. Un road movie intime et rock'n'roll. Pour comprendre ce véritable tournant dans sa carrière, voici un "all access" à Johnny en répétition, en concert, dans sa loge et dans tous ses déplacements. Tout en découvrant l'organisation, l'ambiance et le rythme d'une tournée européenne, c'est à lui seul que la caméra, souvent indiscrète s'attache...
A un moment, vers la fin de la tournée (et donc, du documentaire), Johnny a un coup de pompe dans sa loge. Il s'allonge sur un canapé. Un vieil ami à lui qui se trouve là lui dit qu'il peut dormir s'il le souhaite. Johnny répond qu'il ne veut pas dormir, non, juste se reposer un peu. Et puis il fait cette remarque qui résonne comme une vérité profonde s'échappant par inadvertance dans un moment de demi sommeil : "Je ne suis pas fatigué à cause de tout ce que j'ai fait, dit-il, mais à cause de ce qui me reste à faire." Des moments comme ça, la caméra fureteuse de Ventura parvient à en saisir plusieurs.
Pour info : on peut regarder le film ici.
"Tu me demandes, Lucilius, pourquoi des personnes qui ont appelé à faire barrage à l'extrême droite lors du second tour de l'élection présidentielle, et donc incité avec des tremolos dans la voix les gens de gauche à voter pour leur candidat, oublient quelques semaines après ces beaux préceptes et, au nom de la simple volonté de garder le pouvoir, minimisent à présent la menace de l'extrême droite et diabolisent en retour ceux et celles qui, alliés de circonstances, étaient sommés de s'y opposer. La réponse n'est pas très difficile à énoncer: ce sont des jean-foutre et la providence, en sa sagesse infinie, les confondra bientôt comme tels."
Illustration : Victor-Armand Poirson, 1890
Le roman de Faubert est paru en 1862, soit sept ans avant le recueil de Baudelaire Le Spleen de Paris sous-titré "Petits poèmes en prose". Il est peut-être anachronique de parler de poésie en prose à propos de certains passages de Salammbô et il est par ailleurs difficile de dire si Flaubert a sciemment écrit certaines descriptions avec l'idée de "faire de la poésie". Il faudrait enquêter du côté de la correspondance, ce qui a certainement déjà été fait par des universitaires dont c'est le métier. La dimension poétique de certains passages contemplatifs, entre deux scènes de batailles à grand spectacle, tient beaucoup selon moi à l'emploi de noms exotiques et à l'usage virtuose du point-virgule.
Extrait :
"C'était l'époque où les colombes de Carthage émigraient en Sicile, dans la montagne d'Eryx, autour du temple de Vénus. Avant leur départ, durant plusieurs jours, elles se cherchaient, s'appelaient pour se réunir ; elles s'envolèrent un soir ; le vent les poussait, et cette grosse nuée blanche glissait dans le ciel, au-dessus de la mer, très haut.Une couleur de sang occupait l'horizon. Elles semblaient descendre vers les flots, peu à peu ; puis elles disparurent comme englouties et tombant d'elles-mêmes dans la gueule du soleil."
Les droitards sont en panique et le spectacle est assez réjouissant. Le président, plus habitué à voir ramper les courtisans qu'à subir la menace d'une opposition digne de ce nom, perd ses nerfs. Il s'écarte ainsi dangereusement de la ligne brillamment théorisée par Giscard dans le film de Depardon sur la campagne présidentielle de 1974 (ne pas nommer le principal rival, faire comme s'il n'existait pas). A ce stade de diabolisation des "factieux de l'ultra-gauche", la seule issue logique serait de rendre la Nupes légalement illégitime en lui interdisant l'accès aux élections pour atteinte à la paix publique.
Je ne vais pas faire semblant de bien connaitre ce qui est sorti récemment sous le label "indépendant". Par contre, il y en a un que j'ai repéré il y a déjà quelques années et dont je suis le parcours discographique avec un plaisir renouvelé ; il s'agit de Kevin Morby qui n'a pas l'air de susciter un enthousiasme excessif. Pas un mauvais disque, beaucoup de belles chansons, une voix trainante à la Cohen. Que faut-il de plus ? J'aime ses compositions, ses arrangements, sa mélancolie. Si je suis encore en vie dans dix ans, lorsque j'écouterai This Is A Photograph, je sais que je me souviendrai de ce mois de mai pas très folichon.
Dans ce disque consacré à Memphis on trouve un bel hommage à Jeff Buckley, mort noyé dans le Mississippi à l'age de 30 ans.
Jean-Pierre Leloir, Jacques Brel, 1967
Henri Matisse, In the woods, 1922