"L'été, la mode, ou le soin de sa santé, qui est aussi une mode, veut que l'on voyage." Le ton est donné dès l'incipit : il est à la lucidité désabusée parfois proche du dégoût. Le narrateur du roman cède à cette obligation sociale du déplacement, ce qui l'ennuie prodigieusement comme il ne cesse de le répéter. Le lecteur, lui, se régale de cette écriture incisive, étonnement moderne. On apprécie également la sensibilité anarchiste (assez proche d'un Georges Darien) qui nomme et identifie sans complaisance ceux qui s'enrichissent et profitent de leur position sociale sans épargner les membres bas peuple dont le principal regret est de ne pas se trouver à la place d'un dominant. Pour tenter de se distraire de son ennui, le narrateur rencontre d'autres vacanciers dans son lieu de villégiature. Le roman est une sorte de collage des différents récits collectés pendant ce séjour dans les Pyrénées. Presque tous dévoilent des aspects peu reluisants voire franchement glauques de l'humanité. Le roman se termine par une visite à une ancienne relation du narrateur, un écrivain prometteur précocement retiré dans un endroit perdu dans la montagne. C'est glaçant, comme si le narrateur avait rencontré la mort elle-même.
Sa réaction, dans les dernières lignes : "J'ai commandé le guide qui doit me ramener vers les hommes, la vie, la lumière... Dès l'aube, demain, je partirai..."
Lecture recommandée (sauf peut-être si vous cherchez un livre feel-good pour la plage).
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