mercredi 15 juin 2022

Citations

 

"Tu me demandes, Lucilius, pourquoi des personnes qui ont appelé à faire barrage à l'extrême droite lors du second tour de l'élection présidentielle, et donc incité avec des tremolos dans la voix les gens de gauche à voter pour leur candidat, oublient quelques semaines après ces beaux préceptes et, au nom de la simple volonté de garder le pouvoir, minimisent à présent la menace de l'extrême droite et diabolisent en retour ceux et celles qui, alliés de circonstances, étaient sommés de s'y opposer. La réponse n'est pas très difficile à énoncer: ce sont des jean-foutre et la providence, en sa sagesse infinie, les confondra bientôt comme tels." 

 Bruce Bégout 

 

"Notes sur les législatives en cours
1°) Qu’on le veuille ou non, la gauche a déjà gagné sinon dans les urnes, du moins dans les esprits. La Nupes n’est pas une simple alliance électorale mais un acte de refondation de la gauche française au 21ème siècle. C’est si l’on veut une sorte de Congrès de Tours à l’envers où s’uniraient les socialistes, les communistes et cette nouvelle force politique de gauche apparue dans le dernier tiers du 20ème siècle : les écologistes. Ce qui fait la force de la Nupes, c’est qu’elle est une alliance idéologique mais aussi, et surtout, une force générationnelle. C’est une nouvelle génération de femmes et d’hommes politiques, d’horizon sociologique très divers, qui prend le pouvoir. Cinq ans au coude à coude dans les travées de l’Assemblée Nationale devraient les souder plus encore. C’est pour quoi on est loin d’en avoir fini avec la Nupes.
2°) En 2017, Macron avait surfé comme un dandy de la politique sur la disparition du clivage gauche-droite. En somme, il avait réinventé le centre qui, comme le disait un observateur assez compétent de la vie politique française (François Mitterrand) est toujours de droite. Si la présidentielle a été un non-événement qui pourrait se payer cher, ces législatives sont en revanche fractales. Elles ressuscitent le clivage gauche-droite sans lequel il n’y a pas de fonctionnement républicain possible. Bref, quel qu’en soit le résultat, ces législatives sont déjà une excellente nouvelle. Le politique vient de ressusciter dans notre vieille nation et quelque chose me dit qu’on ne le fera pas rentrer de sitôt dans sa boîte.
3°) Il y a, il faut maintenant le dire, une alliance objective entre Macron et l’extrême droite. Du reste, Marine Le Pen avait craché le morceau lorsqu’elle avait déclaré au début de la campagne des législatives qu’il était « normal que le Président de la République dispose d’une majorité pour gouverner ». Cela explique les atermoiements actuels du parti présidentiel concernant le front républicain. En effet, en cas plus que probable d’une majorité relative à la Chambre (laquelle d’ailleurs a plus de chance d’échoir à la Nupes qu’à Ensemble) il est nécessaire pour Macron que le Rassemblement National dispose d’un groupe parlementaire pour scinder un peu plus les oppositions. Or, si le front républicain s’appliquait exactement, ce ne serait pas le cas.
4) Oui, la Nupes peut l’emporter dimanche prochain. Contrairement à ce qu’ont affirmé les politologues de plateau TV, c’est elle qui dispose de la plus grande réserve de voix. Problème : elle est à chercher chez les abstentionnistes. On le sait, ce sont les jeunes qui se sont majoritairement abstenus au premier tour. On le sait aussi : les jeunes ont majoritairement voté pour Mélenchon à la présidentielle. Donc, en toute logique, si les jeunes vont voter dimanche, ils voteront pour la Nupes. Ils ont intérêt à le faire. Sinon, ils s’en mordront les doigts à ne plus pouvoir jouer à la Playstation pendant des lustres."
 


mardi 14 juin 2022

Lecture

 

Illustration : Victor-Armand Poirson, 1890

Le roman de Faubert est paru en 1862, soit sept ans avant le recueil de Baudelaire Le Spleen de Paris sous-titré "Petits poèmes en prose". Il est peut-être anachronique de parler de poésie en prose à propos de certains passages de Salammbô et il est par ailleurs difficile de dire si Flaubert a sciemment écrit certaines descriptions avec l'idée de "faire de la poésie". Il faudrait enquêter du côté de la correspondance, ce qui a certainement déjà été fait par des universitaires dont c'est le métier. La dimension poétique de certains passages contemplatifs, entre deux scènes de batailles à grand spectacle, tient beaucoup selon moi à l'emploi de noms exotiques et à l'usage virtuose du point-virgule. 

Extrait : 

 "C'était l'époque où les colombes de Carthage émigraient en Sicile, dans la montagne d'Eryx, autour du temple de Vénus. Avant leur départ, durant plusieurs jours, elles se cherchaient, s'appelaient pour se réunir ; elles s'envolèrent un soir ; le vent les poussait, et cette grosse nuée blanche glissait dans le ciel, au-dessus de la mer, très haut.Une couleur de sang occupait l'horizon. Elles semblaient descendre vers les flots, peu à peu ; puis elles disparurent comme englouties et tombant d'elles-mêmes dans la gueule du soleil."




lundi 13 juin 2022

samedi 11 juin 2022

Dans la galerie virtuelle du GFIV

 

Mark Rothko, Untitled (Red, Dark Green and Green), 1952

Jean Dubuffet, Champ d’Expansion,1984,
Douglas Coupland, Experiment in Flesh Tone, 2013

vendredi 10 juin 2022

Prospectus publicitaires

 

Les droitards sont en panique et le spectacle est assez réjouissant. Le président, plus habitué à voir ramper les courtisans qu'à subir la menace d'une opposition digne de ce nom, perd ses nerfs. Il s'écarte ainsi dangereusement de la ligne brillamment théorisée par Giscard dans le film de Depardon sur la campagne présidentielle de 1974 (ne pas nommer le principal rival, faire comme s'il n'existait pas). A ce stade de diabolisation des "factieux de l'ultra-gauche", la seule issue logique serait de rendre la Nupes légalement illégitime en lui interdisant l'accès aux élections pour atteinte à la paix publique.

jeudi 9 juin 2022

Les belles histoires d'oncle Ventura

 


J'avais allumé machinalement la radio tandis que je préparais le diner. C'était l'heure de l'émission "A voix nue" sur France Culture, des entretiens avec des personnes plus ou moins connues à qui on demande de raconter leur vie et qui ont souvent tendance à glisser dans la complaisance auto-satisfaite. Cette fois-ci, surprise : le type était sympathique et intéressant. Il parlait de son enfance pendant l'occupation et de sa jeunesse à l'époque du jazz de l'après guerre. J'ai tendu l'oreille un peu plus attentivement que lorsqu'un théâtreux ou une actrice fait son show narcissique. Je n'arrivais pas à coller un nom sur cette voix et je n'ai eu la réponse qu'au moment du générique de fin : il s'agissait de Claude Ventura. Ceux qui ne situent pas bien de qui il s'agit peuvent consulter sa filmographie ici. Certains, parmi les anciens, connaissent probablement Pop 2 et Cinéma, Cinémas. Les émissions et les documentaires liés à la musique sont abordés dans le troisième entretien, l'émission consacrée au cinéma dans le quatrième